Dissolution et fusion de copropriétés : procédures, cas et conditions 2025
La dissolution de copropriété
La dissolution d'une copropriété met fin au statut de la copropriété et transforme l'immeuble en propriété unique ou en plusieurs propriétés distinctes. C'est une procédure complexe mais parfois nécessaire.
Les cas de dissolution
Plusieurs situations peuvent conduire à la dissolution d'une copropriété.
La dissolution volontaire
Les copropriétaires peuvent décider unanimement de dissoudre la copropriété : achat de tous les lots par un seul propriétaire (réunion à une seule main), décision collective de mettre fin au statut de copropriété, transformation en un autre mode de propriété. Cette dissolution nécessite l'unanimité (article 30 de la loi de 1965).
La vétusté extrême et la reconstruction
Quand l'immeuble devient dangereux ou inhabitable : arrêté de péril pris par le maire, expertise confirmant l'insalubrité irrémédiable, coût de réhabilitation supérieur à la reconstruction. Dans ce cas, la dissolution peut être imposée pour raisons de sécurité publique.
La destruction totale de l'immeuble
Suite à un sinistre majeur (incendie, effondrement, catastrophe naturelle) : si l'immeuble est détruit à plus de 50%, les copropriétaires peuvent voter la dissolution, les indemnités d'assurance sont réparties selon les tantièmes, chacun récupère son terrain en pleine propriété. La majorité de l'article 26 (double majorité) est requise.
La procédure de dissolution
La dissolution suit un processus juridique strict.
Le vote en assemblée générale
Selon le cas, différentes majorités s'appliquent : unanimité pour dissolution volontaire, double majorité (article 26) en cas de destruction partielle, majorité absolue (article 25) en cas d'arrêté de péril. L'ordre du jour doit mentionner explicitement la dissolution.
L'intervention du notaire
La dissolution nécessite obligatoirement un notaire : rédaction de l'acte de dissolution, calcul des droits de chacun sur le terrain, partage du sol selon les tantièmes, publication au service de la publicité foncière. Le notaire garantit la sécurité juridique de l'opération.
La liquidation de la copropriété
Avant la dissolution définitive : vente des équipements communs, règlement des dettes et créances, clôture des comptes bancaires, archivage des documents, radiation du syndicat des copropriétaires. Le syndic reste en fonction jusqu'à la fin de la liquidation.
Le partage du sol
Après dissolution, le terrain est partagé : chaque copropriétaire reçoit une parcelle proportionnelle à ses tantièmes, possibilité de vendre séparément ou collectivement, établissement de servitudes entre les parcelles si nécessaire. Si le partage en nature est impossible, vente et répartition du prix.
Les conséquences fiscales
La dissolution entraîne des implications fiscales importantes.
La taxation des plus-values
Si le terrain est revendu après dissolution : calcul de la plus-value immobilière (prix de vente - prix d'acquisition du lot initial), abattement pour durée de détention, exonération après 22 ans de détention pour l'impôt sur le revenu, après 30 ans pour les prélèvements sociaux. La dissolution elle-même n'est pas imposable.
Les droits d'enregistrement
L'acte de dissolution génère des frais : droits de partage : 2,50% de la valeur des biens partagés, frais de notaire pour la rédaction de l'acte, taxe de publicité foncière. Ces frais peuvent être élevés selon la valeur du bien.
La TVA sur construction
En cas de reconstruction sur les parcelles : si vente dans les 5 ans suivant l'achèvement : TVA de 20%, si vente après 5 ans : exonération de TVA, règles spécifiques pour les marchands de biens. Consultez un fiscaliste avant tout projet.
La fusion de copropriétés
À l'inverse, plusieurs copropriétés peuvent fusionner en une seule.
Les cas de fusion
Plusieurs situations justifient une fusion.
Les immeubles contigus
Deux bâtiments mitoyens peuvent fusionner : partage d'équipements communs (chaufferie, ascenseur), rationalisation des charges, mutualisation des travaux, simplification de la gestion. La fusion crée des économies d'échelle.
Les ensembles immobiliers
Dans les résidences, plusieurs bâtiments en copropriété séparée peuvent se regrouper : espaces verts communs, parkings partagés, services collectifs (gardiennage, piscine), vision d'ensemble pour les gros travaux. Une seule AG remplace plusieurs réunions.
Les copropriétés par bâtiment
Certains ensembles sont initialement divisés par bâtiment puis décident de fusionner : harmonisation des règlements, équité dans la répartition des charges générales, facilité pour les travaux d'ensemble (ravalement, voiries). Tous les copropriétaires participent aux décisions communes.
La procédure de fusion
La fusion nécessite l'accord des copropriétés concernées.
Le vote dans chaque copropriété
Chaque copropriété doit voter : à la double majorité (article 26) dans chaque AG, avec un projet de règlement de copropriété unique, définissant les nouveaux tantièmes, fixant les nouvelles charges. Une seule copropriété réticente bloque la fusion.
L'établissement du nouveau règlement
Le règlement de la copropriété fusionnée doit : définir les parties communes et privatives de l'ensemble, fixer les tantièmes en fonction de tous les lots, établir les règles de jouissance et d'usage, prévoir les organes de gestion (syndic, conseil syndical). Un géomètre-expert peut être nécessaire.
Le calcul des nouveaux tantièmes
Les tantièmes de chaque lot sont recalculés : en fonction de la superficie, de la situation, de l'étage, des équipements privatifs, de la valeur relative. L'ensemble doit totaliser 1000 (ou 10 000) millièmes. Un expert peut évaluer chaque lot.
Les formalités administratives
La fusion requiert : l'intervention d'un notaire pour l'acte de fusion, la publication au service de la publicité foncière, la modification des fiches de copropriété, l'inscription au registre d'immatriculation des copropriétés. Le syndic coordonne ces démarches.
Les avantages de la fusion
Fusionner présente plusieurs bénéfices.
Les économies de gestion
Une seule copropriété coûte moins cher : un seul syndic au lieu de plusieurs, une seule AG annuelle, des contrats d'entretien mutualisés (ascenseurs, chauffage, espaces verts), un seul compte bancaire. Économie estimée : 20 à 30% sur les frais de gestion.
La mutualisation des travaux
Les gros travaux sont facilités : ravalement de façade de l'ensemble, rénovation énergétique globale, mise aux normes des équipements (ascenseurs, sécurité incendie), meilleur pouvoir de négociation avec les entreprises. Les subventions (ANAH, CEE) sont plus accessibles.
L'équité entre copropriétaires
Tous contribuent équitablement : répartition juste des charges d'espaces verts, de voiries, de gardiennage, fin des désaccords entre bâtiments, transparence totale sur les comptes. Les petits bâtiments ne se sentent plus lésés.
La valorisation immobilière
Un ensemble cohérent est plus attractif : meilleur entretien général, services collectifs de qualité, gestion professionnelle, image valorisante pour les acheteurs potentiels. La valeur des lots augmente à moyen terme.
Les inconvénients et risques
La fusion comporte aussi des challenges.
La complexité de la procédure
Fusionner est long et coûteux : 12 à 24 mois de préparation, frais de notaire (5 000 à 20 000€ selon taille), frais d'expertise pour les tantièmes, temps de négociation entre copropriétés. L'accompagnement d'un professionnel est indispensable.
Les divergences d'intérêts
Concilier des visions différentes est difficile : niveau de charges acceptables, ambition des travaux, standing souhaité, usage des parties communes. Des copropriétés habituées à des niveaux de charges très différents peinent à s'accorder.
La dilution du pouvoir de décision
Dans une grande copropriété fusionnée : les petits copropriétaires pèsent moins, les décisions demandent plus de consensus, les AG sont plus longues et impersonnelles. Certains regrettent la proximité d'avant.
Les alternatives à la fusion
D'autres solutions existent pour mutualiser sans fusionner.
L'ASL (Association Syndicale Libre)
Les copropriétés restent distinctes mais créent une ASL : gestion des parties communes entre copropriétés (parkings, voiries, espaces verts), chaque copropriété garde son autonomie, l'ASL facture ses services aux copropriétés membres. Solution intermédiaire souple.
Les conventions entre copropriétés
Des accords contractuels peuvent organiser : le partage de services (gardien commun, contrat d'entretien mutualisé), la répartition de charges spécifiques, la coordination de travaux. Ces conventions évitent la fusion tout en mutualisant.
Les lots de copropriété transitoires
Certaines structures créent des lots transitoires : appartenant aux copropriétés voisines, ouvrant droit aux équipements de l'autre copropriété, permettant la mutualisation progressive. Solution technique complexe mais efficace.
Les erreurs à éviter
Plusieurs pièges guettent les copropriétés qui fusionnent ou se dissolvent.
La précipitation
Ne vous lancez pas sans préparation : étude de faisabilité préalable, consultation de tous les copropriétaires, simulation financière détaillée, anticipation des difficultés. Une fusion mal préparée crée plus de problèmes qu'elle n'en résout.
La sous-estimation des coûts
Budgétez largement : frais de notaire, honoraires d'expert, frais de géomètre, coût du syndic pour la transition, frais administratifs divers. Prévoyez 15 000 à 50 000€ selon la taille.
Le défaut d'accompagnement
Faites-vous accompagner par des professionnels : notaire spécialisé en copropriété, syndic expérimenté dans les fusions, expert en évaluation immobilière, avocat si contentieux. Leur expertise évite des erreurs coûteuses.
Le suivi post-fusion
Après la fusion, restez vigilants.
L'harmonisation progressive
Tous les aspects ne fusionnent pas immédiatement : règlement intérieur à uniformiser, contrats d'assurance à regrouper, contrats de maintenance à renégocier, habitudes à faire converger. Prévoyez 2 à 3 ans de transition.
La communication continue
Maintenez le dialogue entre anciens et nouveaux copropriétaires : réunions d'information régulières, transparence sur les changements, explication des décisions, médiation en cas de tensions. L'adhésion collective est fragile au début.
L'évaluation des bénéfices
Mesurez les résultats de la fusion : économies réalisées sur les charges, qualité des services, satisfaction des copropriétaires, évolution de la valeur des lots. Cette évaluation justifie l'effort accompli.